Trois tablettes d’après la traduction anglaise de Shoghi Effendi : essai de traduction française

Traduction française par Thomas Linard de la traduction anglaise par Shoghi Effendi (assisté de John E. Esslemont pour la traduction de la Tablette d’Ahmad) de trois tablettes de Bahá’u’lláh, édition de Writings of Bahá’u’lláh. A Compilation (2nd rev. ed. New Delhi : Bahá’í Publishing Trust, 1994) pour les deux premières tablettes, et édition de Gleanings from the Writings of Bahá’u’lláh (Wilmette, Illinois : Bahá’í Publishing Trust, 1983) pour la dernière.

Note du traducteur

Je n’ai pas cherché dans cette traduction à retrouver l’arabe ou le persan par delà l’anglais, tâche au résultat par trop incertain, voire illusoire, mais, plutôt, j’ai considéré que la traduction de Shoghi Effendi avait une valeur littéraire propre, et que le style de cette traduction méritait un essai de transposition, pour que le lecteur goûte un peu la saveur littéraire de la traduction originelle. Or, voilà le hic, le style de Shoghi Effendi est sans équivalent littéraire en français. C’est loin d’être le cas en anglais, car il rappelle par plusieurs traits le style de la King James Bible. Diana L. Malouf, dans Unveiling the Hidden Words. The Norms Used by Shoghi Effendi In His Translation of the Hidden Words (Bahá’í Studies Volume II, Oxford : George Ronald, 1997, p. 100) note : «  He [Shoghi Effendi] used the King James Bible as a scriptural model and the works of Gibbon and Carlyle as models of English prose. » Transcrire un tel style risquait d’apparaître comme étranger, sinon étrange, à la langue française. J’espère que le lecteur appréciera néanmoins le résultat.

La méthode principale retenue fut, considérant que la langue anglaise est un excellent conservatoire de vieux mots français, d’essayer de transposer les mots anglais d’origine française tels quels. Un bon exemple est le mot mariner traduit par marinier : la signification du mot a en français non littéraire dévié de son origine, alors que l’anglais a gardé le sens originel. Peut-être aurait-il été plus juste de transposer un archaïsme anglais par un archaïsme français, et de rester moderne quand l’anglais le restait. Cependant la méthode retenue présente un réel avantage : par exemple, un terme comme celestial concourse relève à mon sens clairement du jargon, et en le traduisant le plus littéralement possible par concours célestiel, je crois respecter ce que je perçois comme une intention profonde de Shoghi Effendi : créer un jargon bahá’í.

Pour le confort du lecteur, j’ai noté les mots les plus particuliers dans un glossaire.

Tablette du Saint Marinier (Tablet of the Holy Mariner)

Il est le Gracieux, le Bien-Aimé !

Ô Saint Marinier !

Commande à ton arche d’éternité de paraître devant le Concours Célestiel,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Lance-la sur la mer ancienne, en Son Nom, le Très Prodigieux,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et fais entrer les esprits angéliques, au Nom de Dieu, le Très Haut.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Puis désamarre-la, qu’elle cingle sur l’océan de gloire,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Par heur ses occupants atteindront les retraites de la proximité dans le royaume pérennel.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Ayant gagné la grève sacrée, le rivage des mers pourprées,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Commande-leur d’issir et d’atteindre cette invisible station éthérée,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Une station où le Seigneur, dans la Flamme de Sa Beauté, apparut dedans l’arbre immortel ;

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Où les incarnations de Sa Cause se purifièrent du moi et de la passion ;

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Autour de laquelle la Gloire de Moïse cercle avec les armées pérennelles ;

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Où la Main de Dieu fut tirée de Son sein de Grandeur ;

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Où l’arche de la Cause demeure immobile quand bien même à ses occupants sont déclarés tous les attributs divins.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Ô Marinier ! Enseigne à ceux qui sont à l’intérieur de l’arche ce que nous t’avons enseigné derrière le voile mystique,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Par chance ils ne tarderont pas dans le lieu sacré blanc comme neige,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Mais s’élèveront sur les ailes de l’esprit jusqu’à cette station que le Seigneur a exaltée au-dessus de toute mention dans les mondes d’en-bas,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Voleront à travers l’espace tout comme les oiseaux favorisés dans le royaume de la réunion éternelle ;

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Connaîtront les mystères cachés dans les Mers de Lumière.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Ils ont dépassé les grades des limitations terrestres et gagné celui de l’unité divine, le centre de la guidance céleste.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Ils ont désiré ascendre jusqu’à l’état que le Seigneur a établi au-dessus de leur station.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Sur ce le météore ardent les bannit loin de ceux qui demeurent dans le Royaume de Sa Présence,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et ils ouïrent la Voix de Grandeur s’élevant de derrière le pavillon invisible sur le Faîte de Gloire :

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

« Ô anges gardiens ! Renvoyez-les à leur demeure dans le monde d’en-bas,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Car ils se sont proposé de s’élever à cette sphère que les ailes de la colombe célestielle n’ont jamais atteinte ;

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Sur laquelle le vaisseau de la conjecture demeure tranquille, ce que les esprits de ceux qui comprennent ne peuvent saisir. »

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Alors la pucelle du ciel regarda de sa chambre exaltée,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et de son front fit signe au Concours Célestiel,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Submergeant par la lumière de sa face le ciel et la terre,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et comme la radiance de sa beauté luisait sur le peuple de poussière,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Tous les êtres furent ébranlés en leurs mortels tombeaux.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Elle lança lors l’appel que nulle oreille de toute éternité n’a jamais ouï,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et ainsi proclama : « Par le Seigneur ! Celui dont le cœur n’a pas la fragrance de l’amour du Jeune Arabe exalté et glorieux,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Ne peut en aucune guise ascendre jusqu’à la gloire du ciel le plus haut. »

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Alors elle semonça à elle une ancelle d’entre ses ancelles,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et lui commanda : « Descends dans l’espace depuis les mansions d’éternité,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et tourne-toi vers ce qu’ils ont celé dans le plus profond de leur cœurs.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Dusses-tu inhaler le parfum de la robe du Jeune qui a été cachée dans le tabernacle de lumière en raison de ce que les mains des méchants ont forgé,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Élève un cri en toi-même, que tous les habitants des chambres du Paradis, qui sont les incarnations de la prospérité éternelle, puisse comprendre et prêter l’oreille ;

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Qu’ils puissent tous descendre de leurs chambres pérennelles et trembler,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et baiser leurs mains et leurs pieds pour s’être élevés aux faîtes de fidélité ;

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Par chance pourront-ils trouver sur leurs robes la fragrance de l’Aimé. »

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Alors la face de la damoiselle favorisée rayonna au-dessus des chambres célestielles tout comme la lumière qui luit de la face du Jeune au-dessus de Son temple mortel ;

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Lors elle descendit avec un adornement tel qu’il illumine les cieux et tout ce qu’ils contiennent.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Elle se mit à l’œuvre et parfuma toutes choses dans les terres de sainteté et de grandeur.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Quand elle atteignit cette place elle se dressa de toute sa taille dans le cœur intime de la création,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et chercha à inhaler leur fragrance dans un temps qui ne connaît ni commencement ni fin.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Elle ne trouva pas en eux ce qu’elle désirait, et ceci, en vérité, n’est que l’un de Ses contes prodigieux.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Lors elle cria à haute voix, gémit et regagna sa propre station dans sa mansion très élevée,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et lors prononça un mot mystique, murmuré privément par sa langue de miel,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et éleva l’appel parmi le Concours Célestiel et les immortelles ancelles du ciel :

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

« Par le Seigneur ! Je n’ai trouvé chez ces vains prétendants la brise de la Fidélité !

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Par le Seigneur ! Le Jeune est demeuré solitaire et désolé dans la terre de l’exil aux mains des impies. »

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Elle poussa lors en elle-même un tel cri que le Concours Célestiel cria et trembla,

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Et elle chut sur la poussière et rendit l’esprit. Il semble qu’elle fut appelée et qu’elle prêta l’oreille à Celui qui la semonça au Haut-Royaume.

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Glorifié soit-Il qui l’a créée de l’essence de l’amour dans le cœur intime de Son paradis exalté !

Glorifié soit mon Seigneur, le Tout-Glorieux !

Sur ce les ancelles du ciel se hâtèrent depuis leurs chambres, sur les faces desquelles les yeux d’aucun habitant dans le plus haut paradis ne se sont jamais posés.

Glorifié soit notre Seigneur, le Très Haut !

Toutes elles se rassemblèrent autour d’elle, et las ! elles trouvèrent son corps chu sur la poussière ;

Glorifié soit notre Seigneur, le Très Haut !

Et comme elles virent son état et comprirent un mot du récit conté par le Jeune, elles dénudèrent leurs têtes, déchirèrent leurs vêtements, battirent leurs faces, oublièrent leur joie, versèrent des pleurs et frappèrent de leurs mains leurs joues, et ceci est en vérité une des mystérieuses grièves afflictions.

Glorifié soit notre Seigneur, le Très Haut !

Tablette d’Ahmad (Tablet of Ahmad)

Il est le Roi, l’Omniscient, le Sage ! Voici que le Rossignol du Paradis chante sur les rameaux de l’Arbre d’Éternité, avec de saintes et douces mélodies, proclamant aux sincères les bonnes nouvelles de la proximité de Dieu, appelant les croyants en l’Unité Divine à la cour de la Présence du Généreux, informant les séparés du message qui a été révélé par Dieu, le Roi, le Glorieux, le Sans-Pair, guidant les amoureux au siège de sainteté et à cette resplendissante Beauté.

C’est en vérité cette Très Grande Beauté, annoncée dans les Livres des Messagers, par Qui la vérité sera distinguée de l’erreur et la sagesse de tout commandement sera éprouvée. En vérité, Il est l’Arbre de Vie qui apporte les fruits de Dieu, l’Exalté, le Puissant, le Grand.

Ô Ahmad ! Porte témoignage qu’en vérité Il est Dieu et qu’il n’est pas de Dieu sinon Lui, le Roi, le Protecteur, l’Incomparable, l’Omnipotent. Et que Celui Qu’Il a envoyé sous le nom d’‘Alí [1] était le véritable envoyé de Dieu, aux commandements de Qui nous nous conformons tous.

Dis : ô gens, soyez obédients aux ordonnances de Dieu, qui ont été enjointes dans le Bayán par le Glorieux, le Sage. En vérité Il est le Roi des Messagers et Son Livre est le Livre-Mère, que ne le sachiez-vous.

Ainsi le Rossignol lance-t-il vers vous Son appel depuis cette prison. Il lui appartient seulement de délivrer ce clair message. Quiconque le désire se détourne de ce conseil, et quiconque le désire choisisse le chemin de son Seigneur.

Ô gens, si vous déniez ces versets, sur quelle preuve avez-vous cru en Dieu ? Produisez-la, ô assemblage de faux. Non, par Celui dans la main de Qui est mon âme, ils ne le peuvent, et ne le pourront jamais faire, dussent-ils se combiner pour s’assister l’un l’autre.

Ô Ahmad ! N’oublie pas Mes bontés pendant que Je suis absent. Remembre-toi Mes jours durant tes jours, ainsi que Ma détresse et Mon bannissement en cette prison lointaine. Et sois si ferme dans Mon amour que ton cœur ne vacillera pas, même si les épées des ennemis font pleuvoir leurs coups sur toi et que tous les cieux et la terre se soulèvent contre toi.

Sois telle une flamme de feu pour Mes ennemis et telle une rivière de vie éternelle pour Mes amés, et ne soit pas de ceux qui doutent.

Et si tu es gagné par l’affliction en Mon chemin ou par la dégradation à cause de Moi, n’en soit pas troublé.

Fie-toi à Dieu, ton Dieu et le Seigneur de tes pères. Car les gens s’égarent dans les chemins de délusion, privés du discernement de voir Dieu de leurs propres yeux, ou d’ouïr Sa Mélodie de leurs propres oreilles. Ainsi les avons nous trouvés, comme tu en es aussi témoin.

Ainsi leurs superstitions sont devenues des voiles entre eux et leurs propres cœurs et les ont tenus éloignés du chemin de Dieu, l’Exalté, le Grand.

Sois assuré en toi-même qu’en vérité, celui qui se détourne de cette Beauté s’est aussi détourné des Messagers du passé et fait montre de superbe envers Dieu, de toute éternité en toute éternité.

Apprends bien cette Tablette, ô Ahmad. Chante-la durant tes jours et ne t’en détourne pas. Car en vérité, Dieu a destiné pour celui qui la chante, la récompense de cent martyrs et un service dans les deux mondes. Ces faveurs, Nous te les avons accordées comme une bonté de Notre part et une merci venant de Nous, pour que tu puisses être de ceux qui savent bon gré.

Par Dieu ! Si celui qui est en affliction ou grief lit cette Tablette avec une sincérité absolue, Dieu dissipera sa tristesse, résoudra ses difficultés et écartera ses afflictions.

En vérité, Il est le Miséricordieux, le Compatissant. Louange soit à Dieu, le Seigneur de tous les mondes.


[1] Le Báb

Tablette du Carmel (Tablet of Carmel)

Toute gloire soit à ce Jour, le Jour où les fragrances de merci ont été répandues sur toutes choses créées, un Jour tant béni qu’âges et siècles passés ne pourront jamais espérer le rivaliser, un Jour où la face de l’Ancien des Jours s’est tournée vers Son siège sacré. Lors les voix de toutes choses créées, et au-delà celles du Concours d’En-Haut, furent ouïes qui appelaient : « Hâte-toi, ô Carmel, car voici, la lumière de la face de Dieu, le Maître du Royaume des Noms et le Façonneur des cieux, a été levée sur toi. »

Saisie de transports de joie, et élevant haut sa voix, ainsi elle s’exclama : « Puisse ma vie T’être un sacrifice comme Tu as fixé Ton regard sur moi, m’as comblée de Ta bonté, et as dirigé vers moi Tes pas. Ma séparation d’avec Toi, ô Toi Source de vie éternelle, m’a presque consumée, et mon éloignement de Ta présence a encendré mon âme. Toute louange soit à Toi pour m’avoir faite apte à prêter oreille à Ton appel, pour m’avoir honorée de Tes pas et pour avoir ravivé mon âme par la fragrance vivifiante de Ton Jour et la voix stridente de Ta Plume, une voix que Tu désignas comme l’appel de Ta trompette parmi Tes gens. Et quand sonna l’heure qui devait rendre Ton irrésistible Foi manifeste, Tu insufflas un souffle de Ton esprit dedans Ta Plume, et voici, l’entière création branla jusque dans ses fondations mêmes, dévoilant à l’humanité tels mystères qui gisaient cachés parmi les trésors de Celui Qui est le Possesseur de toutes choses créées. »

Sa voix n’avait pas sitôt gagné ce Lieu très exalté que Nous répondîmes : « Rends grâce à ton Seigneur, ô Carmel. Le feu de ta séparation d’avec Moi te consumait rapidement, lorsque l’océan de Ma présence surgit devant ta face, réjouissant tes yeux et ceux de toute création, et emplissant de délice toutes choses visibles et invisibles. Réjouis-toi, car Dieu a en ce Jour établi sur toi Son trône, t’a fait l’orient de Ses signes et l’aurore des évidences de Sa Révélation. Heureux celui qui cercle autour de toi, qui proclame la révélation de ta gloire, et rend compte de ce que la bonté du Seigneur ton Dieu a fait pleuvoir sur toi. Saisis le Calice d’Immortalité au nom de ton Seigneur, le Tout-Glorieux, et rends-Lui grâces, car Il a, en gage de Sa merci envers toi, tourné ton chagrin en bonheur, et transmué ton grief en joie bienheureuse. En vérité, Il aime le lieu qui a été fait le siège de Son trône, que Ses pas ont foulé, qui a été honoré de Sa présence, d’où Il éleva Son appel, et sur lequel Il répandit Ses pleurs.

Appelle vers Sion, ô Carmel, et annonce les joyeuses nouvelles : Celui qui était caché aux yeux mortels est venu ! Sa toute-conquérante souveraineté est manifeste ; Sa toute-embrassante splendeur est révélée. Garde-toi d’hésiter ou de halter. Va et te hâte, et circumambule la Cité de Dieu qui est descendue du ciel, la Kaaba célestielle qu’ont cerclée en adoration les favorisés de Dieu, les cœurs purs, et la compagnie des anges très exaltés. Oh, combien il me tarde d’annoncer en tout lieu à la surface de la terre, et de porter à chacune de ses cités, les heureuses nouvelles de cette Révélation – une Révélation vers laquelle le cœur du Sinaï fut attiré, et au nom de laquelle le Buisson Ardent s’écrie : “À Dieu, le Seigneur des Seigneurs, appartiennent les royaumes de la terre et du ciel.” En vérité voici le Jour où et terre et mer se réjouissent à cette annonciation, le Jour pour lequel ont été réservées ces choses que Dieu, par une bonté qui dépasse l’entendement de l’esprit ou du cœur mortels, a destinées à révélation. Avant peu Dieu conduira Son Arche sur toi et rendra manifeste les gens de Bahá, qui ont été mentionnés dans le Livre des Noms. »

Sanctifié soit le Seigneur de toute l’humanité ; tous les atomes de la terre ont été conduits à vibrer à la mention de Son nom, et la Langue de Grandeur a été mue pour déclore ce qui avait été drapé dans Sa connaissance et gisait celé dedans le trésor de Sa puissance. Il est, en vérité, par le pouvoir de Son nom, le Puissant, le Tout-Puissant, le Très Haut, le maître de tout ce qui est dans les cieux et de tout ce qui est sur terre.


Glossaire
Ancelle
servante (cf. « la Vierge Marie, ancelle du Seigneur »)
Concours
rassemblement, assemblée
Dégradation
avilissement
Délusion
illusion
Grief
douleur (adjectif douloureux)
Guidance
direction morale
Issir
sortir (cf. son participe passé issu, issue)
Mansion
maison, notamment la maison céleste
Marinier
marin (pas seulement de rivière)
Pérennel
éternel
Remembrer
remémorer, l’acte de remembrance
Semoncer
convoquer
Service
culte